L'info qui s'ouvre à vous

La Rédaction
9 juin 2024
Dans un pays où le badminton et le football dominent l'attention, Rifda Irfanaluthfi est devenue la première gymnaste d'Indonésie à se qualifier pour les Jeux olympiques.
Dans un pays où le badminton et le football dominent l'attention, Rifda Irfanaluthfi est devenue la première gymnaste d'Indonésie à se qualifier pour les Jeux olympiques. Elle aspire à ouvrir la voie et à populariser sa discipline avant que Jakarta n'accueille les Championnats du monde en 2025.
À moins de deux mois de l'ouverture des JO de Paris, où elle marquera l'histoire, la jeune femme de 24 ans, les mains couvertes de magnésie, continue son entraînement intensif en répétant ses enchaînements aux barres asymétriques.
L'exploit de sa qualification au concours général, obtenu l'été dernier lors des Championnats du monde à Anvers (Belgique), est d'autant plus impressionnant que l'Indonésie ne dispose pas encore d'un centre national de gymnastique. De plus, la société indonésienne, y compris dans le domaine des sports de haut niveau, reste dominée par les hommes.
Le cœur sportif de l'archipel bat en priorité pour le football et le badminton, ce dernier étant le seul sport à avoir rapporté des médailles d'or olympiques au pays (huit titres, dont le premier en 1992 à Barcelone). La toute première médaille olympique de l'Indonésie, une médaille d'argent, a été obtenue en 1988 à Séoul grâce au tir à l'arc féminin.
Pour atteindre le sommet mondial, le talent ne suffisait pas pour Rifda Irfanaluthfi, dans un pays manquant de structures adéquates et où la détection des jeunes talents fait défaut. Il lui a fallu beaucoup de persévérance pour surmonter une série d'obstacles.
« Je continue à m’entraîner et je prouve qu’avec des installations limitées, je peux devenir une athlète à succès », souligne-t-elle. « Les gens nous sous-estiment encore. »
Sa famille a eu du mal à trouver une école qui reconnaisse et soutienne un sport encore méconnu comme la gymnastique.
Sa chance a tourné lorsqu’elle a été admise dans une école pour sportifs de haut niveau à Jakarta.
Avant de se produire sur les tapis, le cheval d'arçons ou à la poutre, la jeune fille a fait de la natation, s'est essayée à la plongée, à l'escalade, à la gymnastique rythmique (GRS) et enfin à la gymnastique artistique.
Talentueuse et précoce, elle a remporté sa première médaille en gymnastique à 8 ans lors d’une compétition à Singapour, se souvient avec émotion sa mère Yulies Andriana, soulignant que « son désir de devenir championne est incroyable ».
Une volonté d'inspirer les femmes
La gymnaste espère que ses exploits olympiques pourront inspirer d’autres jeunes Indonésiens à poursuivre leurs rêves et à rivaliser avec des poids lourds de la gymnastique comme les États-Unis et les pays de l’ex-Union soviétique.
« Peut-être que les athlètes de mon âge qui ne se sont jamais qualifiés pour les Jeux olympiques deviendront passionnés et rêveront plus haut », espère-t-elle.
La gymnastique bénéficiera bientôt d’une plus grande exposition en Indonésie, le pays ayant obtenu pour la première fois l’organisation des Championnats du monde en 2025, mais il lui reste encore un long chemin à parcourir.
« La pratique de la gymnastique doit être améliorée de manière globale », affirme à l’AFP le président du Comité olympique indonésien, Raja Sapta Oktohari.
Mais « les opportunités pour les femmes sont désormais assez grandes » à mesure que ce sport attire davantage l’attention, ajoute-t-il.
Alors que les femmes ont apporté à l'Indonésie sa première médaille olympique, la nouvelle petite reine de la gymnastique indonésienne espère rejoindre ce Panthéon.
Mais pour réaliser son rêve, elle doit encore soigner un genou blessé et espère récupérer à temps pour les Jeux de Paris, entrer dans les livres d’histoire, puis rentrer chez elle pour profiter d’une gourmandise bien méritée.
Ce sera « une glace à la fraise », dit-elle en souriant.