INTERVIEW : Avec ses deux amis, Diane GIORGI parcourt le Trégor à vélo, pour jouer « Dialogues avec la Terre »
- Arthur Bex
- 11 oct. 2024
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 13 oct. 2024
Ce vendredi 11 octobre 2024, la troupe L'Artère donne un spectacle au centre social Saint-Elivet, à Lannion (Côtes-d'Armor). À cette occasion, Diane Giorgi, metteuse en scène, nous parle de sa troupe et de ses projets.
Vous avez décidé de parcourir le Trégor à vélo pour présenter votre spectacle, une initiative écologique et originale. Pouvez-vous nous en dire un peu plus ?
Nous sommes une compagnie artistique qui croise la création théâtrale avec les arts visuels, l'environnement et l'écologie. Écologie au sens politique du terme, c'est-à-dire comment vivre dans le monde qui nous entoure ainsi qu'avec les êtres vivants. Nous avons construit ce spectacle avec mon ami Ali Khelil, qui signe la mise en scène avec moi. L'idée était d'amener des poèmes du poète palestinien Mahmoud Darwich et d'Anjela Duval, poétesse trégoroise. Ce sont des poèmes qui parlent de la terre. Nous voulions une composition qui puisse s'installer n'importe où, quelque chose de léger, sans nécessairement s'établir dans des salles de spectacle ou des lieux dédiés. Nous souhaitions aussi nous rapprocher du territoire et adopter un rythme plus humain, c'est pourquoi nous avons décidé de nous déplacer uniquement à vélo.
Le spectacle que vous présentez avec votre troupe s'intitule « Darwich/Duval - Dialogues avec la Terre ». Que souhaitez-vous mettre en avant ?
Dans ce spectacle, nous avons réalisé une sélection de poèmes qui parlent de notre rapport à la Terre. L'idée est de faire dialoguer deux poètes qui ne se sont jamais rencontrés. Ils viennent de deux pays différents et de deux époques distinctes : Anjela est du début du siècle, tandis que Mahmoud est né en 1941, soit plus de 40 ans après. Nous voulions faire se rencontrer ces langues et ces visions. Nous trouvions qu'il y avait une forte résonance entre ces deux artistes dans leur manière de voir et de parler du monde. Parmi les œuvres de ces deux poètes, qui sont tout de même très conséquentes, nous avons vraiment choisi celles qui se rapportent à la terre, avec un rapport très vivant.
Vous représentez votre spectacle dans le cadre d’une soirée autour des cultures du monde et de la poésie. Comment vous est venue l'idée de venir présenter votre spectacle à cette occasion ? Avez-vous été contactés ?
Cette soirée est organisée avec le centre social Saint-Elivet à Lannion, en partenariat avec le centre social L'Horizon. C'est nous qui avons pris contact avec le centre social L'Horizon à Lannion. Lorsque nous avons commencé à monter ce spectacle, nous avions envie de le présenter dans un contexte trilingue, car il est en français, en breton et en arabe. Nous souhaitions le proposer à des populations qui ne sont pas forcément francophones, bretonnantes ou arabophones. Nous habitons un quartier prioritaire à Saint-Brieuc, et nous voulions sortir de ce quartier pour nous rendre dans le Trégor et dans d'autres villes. Nous avons donc pris contact avec les centres sociaux de Guingamp et de Lannion, qui nous ont tout de suite répondu favorablement et nous ont chaleureusement accueillis. Cette action est soutenue et subventionnée par l'État.
Votre troupe se nomme L'Artère, et elle prend de l'ampleur. Comment vous êtes-vous rencontrés ?
Nous sommes plusieurs artistes dans la troupe : Ali Khelil, Monique Luca et moi-même. J'ai un parcours un peu atypique, car j'ai d'abord été ingénieure agronome, puis j'ai travaillé en tant qu'ingénieure de recherche en sociologie, et ensuite en tant que maraîchère bio et paysanne boulangère. C'est après cela que j'ai décidé de me réorienter vers le spectacle vivant. J'ai donc repris une formation au conservatoire de Saint-Brieuc. C'est là que j'ai rencontré Monique Luca, avec qui j'ai monté un premier projet : « Herbes Folles et Macadam ». Ce projet consistait à proposer, à moitié à des jeunes inscrits au conservatoire et à moitié à des jeunes sans papiers, de réaliser, sur une année, une pièce de théâtre. L'idée était de permettre la rencontre entre ces jeunes, qui ne se côtoient quasiment jamais. Ce projet a duré cinq ans et s'est terminé en 2023. C'est là qu'Ali nous a rejoints pour la deuxième saison. Je l'ai rencontré pour la première fois lors d'une formation professionnelle en écriture, et nous avons coécrit ensemble. Ensuite, nous avons rencontré d'autres artistes sonores comme Jérémy Moreau, lors de la création d'un squat artistique que nous avions monté avant le Covid.
Lorsque cette tournée sera terminée, j'imagine que vous avez d'autres projets. Quels sont-ils ?
Oui, nous allons continuer de faire des propositions. Notre projet pour l'été prochain est d'organiser une tournée en Bretagne, sur des thématiques plus rurales, et nous allons travailler là-dessus. Nous avons aussi un projet lancé en 2022, qui continue de tourner. Il s'intitule « L'arbre, le vent et le renard » et raconte la rencontre entre un vieil homme immigré et une petite fille qui a du mal à gérer ses émotions. Ce projet est présenté dans des collèges, et nous allons continuer à le faire vivre. En 2023, nous avons également terminé un grand projet hybride mêlant arts visuels et arts sonores : il s'agit d'une boîte à balades, un guide de randonnée un peu spécial. Nous aimerions développer ce projet, car il nécessite du temps, des partenariats et des discussions avec des structures qui n'ont pas l'habitude d'accueillir des spectacles. Par ailleurs, nous avons un autre spectacle en préparation, qui ne sortira pas tout de suite : il s'appelle « Zone à défendre », mais pour l'instant, c'est un peu en pause.
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