LYON : Madama Butterfly, fait son retour sur la scène de l'opéra de Lyon
- La rédaction de Lyon
- 22 janv.
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A partir de ce mercredi 22 Janvier 2025, l'opéra Madama Butterfly fait son grand retour sur la scène de l'opéra de Lyon jusqu'au 3 février. Un opéra avec Ermonela Jaho dans le rôle-titre.
Avec seulement une représentation de Tosca en 2019 avant cette édition, Giacomo Puccini ne figure pas au centre du répertoire du Festival d’Aix-en-Provence. Toutefois, le centenaire de sa disparition ne pouvait être ignoré, ce qui a conduit à la programmation de Madama Butterfly au Théâtre de l’Archevêché, un espace en plein air particulièrement propice à ce chef-d’œuvre, dont plusieurs scènes se déroulent de nuit.
Ermonela Jaho, seule capable d’incarner Cio-Cio-San
C'est avec une intensité vocale et physique exceptionnelle que depuis de nombreuses années, la soprano albanaise fait de ce rôle son domaine, déclenchant invariablement les larmes du public, tout en se laissant elle-même submerger par l’émotion dans le dernier tableau. Ce soir encore, elle déploie une voix expressive d’une grande précision musicale, équilibrant le drame des graves et des aigus délicats émis pianissimo. Son interprétation de l’air « Un bel dì, vedremo » au deuxième acte témoigne d’un contrôle magistral de la ligne vocale, d’abord chantée allongée, puis à genoux pour la conclusion poignante.
Adam Smith, dans le rôle de Pinkerton, rate une note dès son entrée en scène mais retrouve rapidement son aplomb. Son timbre lumineux et agréable se prête bien au rôle, avec des aigus éclatants. Lionel Lhote campe un Sharpless plus diplomate qu’allié sincère de Butterfly, tout en déployant une puissance barytonale homogène. Mihoko Fujimura touche en Suzuki, avec une légère instabilité vocale qui renforce l’émotion. Carlo Bosi, avec son timbre serré, excelle en Goro, tandis qu’In-Ho Jeong (le Bonze) et Kristofer Lundin (Yamadori) remplissent correctement leurs rôles. Albane Carrère apporte une brève présence en Kate Pinkerton. Sous la direction de Daniele Rustioni, l’Orchestre de l’Opéra de Lyon, invité fidèle depuis 2010, déploie une richesse sonore sublime, soutenant admirablement la tension dramatique. Les attaques mordantes des cordes et la virtuosité des bois solistes se font particulièrement remarquer, tout comme les interventions discrètes mais efficaces des chœurs vêtus de noir dans l’obscurité des coulisses.
Visuellement, l’enthousiasme s’atténue. La mise en scène d’Andrea Breth débute de façon conventionnelle, dans un décor minimaliste conçu par Raimund Orfeo Voigt représentant l’intérieur austère de la maison de Cio-Cio-San. Un tapis roulant encercle l’espace, créant des déplacements cérémonieux, tandis que des poteaux verticaux évoquent une cage à oiseaux, allusion renforcée par des volatiles articulés traversant la scène à la fin du premier acte. Malheureusement, cette vision détourne de la magie du long duo d’amour sous le ciel étoilé d’Aix.
Pire encore, remplacer l’enfant de Butterfly par une poupée prive les scènes clés de leur charge émotionnelle. Les maladresses s’accumulent : Butterfly berce son fils absent à distance, et son dernier adieu avant le suicide devient un monologue dénué d’interaction maternelle. Ces choix affaiblissent profondément la portée dramatique et laissent le spectateur insensible là où l’émotion devrait submerger. Un regret majeur !
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