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NATURE : Un sanctuaire des ours menacé par le retour de la chasse en Roumanie

Dans les Carpates roumaines, le centre « Libearty » accueille de nouveaux oursons orphelins. Depuis que la chasse a été réautorisée, ce sanctuaire, dédié aux rescapés des fusils et des cages, recueille des animaux en détresse.


Bien que l’ours brun soit une espèce protégée dans ce pays membre de l’Union européenne, les autorités roumaines ont fixé cette année un quota de 481 abattages, contre 220 l’année précédente et 140 auparavant. Elles justifient cette hausse par une surpopulation et une augmentation des incidents. Mais au centre, ouvert en 2005, on déplore un manque de volonté politique et propose des alternatives : rendre les bacs à ordures inaccessibles, installer des clôtures électriques, et mener des campagnes de sensibilisation.


La Roumanie abrite environ 8.000 ours, selon le gouvernement, la plus grande population d’Europe hors Russie. Autrefois, il était courant de montrer ces animaux, souvent traumatisés à vie, dans des contextes inappropriés. Mura, Lidia, Cristi… ces ours ont perdu leur instinct naturel, rendant leur réintroduction impossible. Certains ne mangeaient que du pain, d’autres, enfermés à vie, n’avaient jamais foulé l’herbe. Même aujourd’hui, plusieurs tournent en rond près des clôtures du refuge, ignorant la forêt et les plans d’eau qui les entourent.


Cependant, grâce aux efforts du centre, les mentalités évoluent : désormais, les ours détenus chez des particuliers se comptent sur les doigts d’une main. Le refuge accueille aussi des animaux issus de zoos, y compris en Ukraine, en Albanie, en Arménie, et même aux États-Unis. Chaque matin, il ouvre ses portes aux écoles et aux visiteurs, attirant 30.000 personnes par an. L’éducation est au cœur des préoccupations : sensibiliser les enfants à ne pas attirer les ours avec de la nourriture pour une photo-souvenir, par exemple.


Pourtant, la chasse aux trophées, interdite en 2016, refait surface avec l’augmentation des quotas. Elle avait fait scandale lorsque des figures royales, comme le prince du Liechtenstein ou le roi d’Espagne, participaient à des safaris de luxe. Aujourd’hui encore, des forfaits sont proposés en ligne. Ioan Banucu, directeur d’une agence spécialisée, admet avoir organisé des chasses pour des clients étrangers : cinq ours ont été abattus depuis octobre. « Certains hésitent à cause du prix », explique-t-il, précisant que le coût peut atteindre 8.000 euros selon la taille de l’animal.

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