REPORTAGE : Après la tempête Ciaran, cette forêt trégoroise se regénère
- Arthur Bex
- 7 févr.
- 3 min de lecture

Après le gros coup de vent de 2023, la forêt qui borde le pôle des télécommunications s'est vue fortement abîmée. Celle-ci va faire l'objet d'un nettoyage, un projet porté par Lannion-Trégor Communauté et l'entreprise de gestion forestière SILVA Ouest.
C'est un carré de forêt de 6 hectares, bordant le pôle Phoenix de Pleumeur-Bodou. Au milieu du parc d'antennes des télécommunications, les machines s'activent en ce jeudi 6 février 2025. Comme beaucoup d'autres lieux, victimes des fortes intempéries liées à Ciaran, la forêt a subi des dommages qui demeurent impressionnants, un an et demi après la tempête.
Derrière l’abatteuse, des arbres, couchés, parfois même déchiquetés. Arnaud Marion est le responsable du projet pour l’entreprise SILVA Ouest. « Avant la tempête, tous les arbres étaient debout et d’un vert magnifique. Le sentier qui passe dans ce bois est complètement invisible, on ne voit plus rien, c’est le désordre. L’objectif était de sécuriser et de prévenir les chutes. »
Ce projet rassemble l’entreprise SILVA Ouest et la communauté de communes de Lannion-Trégor Communauté (LTC). Un projet qui s’est fait en deux phases. « La première a eu pour but de couper et débiter les arbres détruits à l’aide d’une abatteuse. La seconde permet d’évacuer le bois vers une zone de stockage », affirme Arnaud Marion. À quelques mètres du chantier, près d’un ancien laboratoire de télécoms aujourd’hui désaffecté, des troncs sont alignés, formant un mur. C’est ici que va avoir lieu la valorisation du bois. « Il nous est possible d’utiliser deux types de processus : bois de sciage et bois d’énergie, déclare le responsable. Nous avons privilégié le bois de sciage, plus rentable et plus respectueux pour l’environnement. »
Pour ce qui est du bois d’énergie, une petite partie servira à alimenter la chaufferie de LTC. Une fois ces deux processus réalisés, l’entreprise SILVA Ouest distribuera le bois préalablement sélectionné à des scieries sur l’ensemble de la Bretagne.
« Une forêt nettoyée, c’est hyper important pour la faune et la flore »
« Le chantier ne s’est pas fait immédiatement, car le poste de gestionnaire de forêt était vacant. J’ai pris mes fonctions il y a tout juste six mois. Donc, il fallait que je prenne mes repères. » Gaël Decq est employé par la communauté de communes. C’est lui qui est en charge de la gestion de la forêt. Cartographiant la clairière au laser, il explique : « Normalement, en France, toutes les forêts publiques devraient, en théorie, être gérées par l’Office national des forêts (ONF). Mais dans les faits, ce n’est pas le cas du tout. Ici, on a 6 hectares qui sont la propriété de l'agglomération. Comme l’ONF n’est pas présente, c’est à nous de nous en occuper. »
Outre cette forêt, qui borde le parc de télécommunication, LTC est gestionnaire de nombreux autres terrains.
« Tout ce que vous voyez autour de nous, c’est la communauté de communes qui doit le gérer. Alors, on n’est pas sur du bois de super bonne qualité, mais elle reste acceptable pour du sciage. » Gaël Arnaud, gestionnaire de la forêt pour Lannion Trégor Communauté
Cette parcelle de forêt n’a pas fait l’objet de plantations particulières. Alors qu’il présente une imposante souche d’arbre, il affirme : « Cet arbre-là a par exemple plus de 60 ans, donc on suppose qu’il ne s’agit pas d’une plantation, mais plutôt d’une semence. Car si cela avait été une plantation, les pins seraient alignés, ce qui n’est pas le cas ici. » En ce qui concerne la biodiversité, pas de souci à avoir. Le temps des travaux, les animaux ont déserté la parcelle, mais « reviendront quand les engins seront partis. Une forêt nettoyée, c’est hyper important pour la faune et la flore ».
Alors qu’il mesure la longueur des troncs avec un mètre, Gaël Decq explique qu’il n’y aura pas de pertes financières pour ce projet. « L’entreprise SILVA Ouest prélève seulement les arbres sur pied. Elle nous facture juste la coupe, mais cela sera comblé par la recette. » En effet, LTC n’a pas beaucoup investi dans ce projet.
L’entreprise va payer « au cubage » la communauté de communes, ce qui permettra une rentrée d’argent. Il a donc fallu du temps pour trouver l’entreprise et faire les devis, un travail normalement confié à l’Office national des forêts.
Le gestionnaire des forêts jette un long regard sur la clairière, puis, réajustant ses lunettes sur le nez, déclare : « On espère que la forêt pourra se régénérer naturellement et qu’elle sera préservée le plus longtemps possible. »
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