INTERNATIONAL : "Aujourd’hui est une grande fête pour nous, les Syriens", les syriens d'Istamboul en fête
- Arthur Bex
- 8 déc. 2024
- 2 min de lecture

Dimanche matin, des centaines de Syriens se sont rassemblés devant la grande mosquée du quartier de Fatih à Istanbul, un des principaux centres de la communauté syrienne de la ville, qui compte environ 500 000 membres. Ils étaient heureux d'être « débarrassés d'Assad ».
« Je ne pensais pas que cela arriverait un jour, même pas dans trois siècles ! Personne ne s'y attendait, c'est une victoire immense ! », s'exclame Mohamad Cuma, un étudiant syrien arrivé d'Alep il y a trois ans. « C'est incroyable, on a l'impression de renaître », ajoute Sawsan Al-Ahmad, tenant son jeune fils par la main. Cette mère de famille a vécu en 2011 les premiers mois du siège impitoyable de Homs par les forces du régime syrien et se réjouit à l'idée d'emmener son fils « sur sa terre », maintenant que le règne de la famille Assad est terminé.
Derrière elle, sous la pluie battante, des centaines de Syriens scandent « Allah akbar ! » (« Dieu est le plus grand ! »), certains appelant à exécuter Bachar al-Assad en agitant des drapeaux de la révolution syrienne.
Au milieu du brouhaha, audible à des centaines de mètres à la ronde, un homme brandit un portrait d’Abdel-Basset al-Sarout, une ancienne star du football syrien devenue combattant rebelle et morte en 2019 dans des affrontements avec les forces du régime.
« Aujourd'hui est une grande fête pour nous, les Syriens ! », déclare Ibrahim Al-Mohamed, 42 ans, l'un des trois millions de réfugiés syriens vivant en Turquie. Au milieu des scènes de liesse, le père de famille peine à cacher son émotion. « Mon fils est devenu handicapé à cause d'Assad. Nous vivions à Alep et une bombe a été larguée sur l'immeuble voisin. Mon fils a été traumatisé, il n'arrivait plus à parler. Il a treize ans désormais et commence à aller un peu mieux », dit-il, les yeux rougis.
« Dieu soit loué, nous sommes débarrassés d'Assad », dit Ahmed Mohamad, professeur de Coran arrivé d'Alep il y a onze ans après avoir fait défection de l'armée syrienne. « Si Dieu le veut, il sera décapité », ajoute-t-il en passant son pouce sous sa gorge pour mimer une lame.
Mohamad Cuma, quant à lui, « se fiche » de ce qu'il adviendra d'Assad. « Il est parti et c'est l'essentiel. Qu'il aille en Russie, en Biélorussie ou au Venezuela, laissez-le y aller. Dans tous les cas, il finira en enfer ». Il espère désormais que « toute la Syrie sera unifiée sous un même drapeau » et prédit que 50 % des Syriens réfugiés en Turquie rentreront chez eux.
La chute d'Assad lui fait aussi revoir ses rêves : « Jusqu'à la semaine dernière, mon plan était de poursuivre en master au Royaume-Uni », dit l'étudiant en ingénierie civile à la prestigieuse université stambouliote de Bogaziçi. « Mais désormais, je me dis que je pourrais être utile à la reconstruction de la Syrie, donc je vais très probablement rentrer ».
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