INTERNATIONAL : Depuis l'élection de Donald Trump, la communauté LGBT en détresse

Depuis l'élection le 5 novembre 2024 de Donald Trump, à la maison blanche, la communauté américaine LGBT s'inquiète. Reportage dans cet article.

« Je ne sais pas pour vous, mais moi, j’ai du mal à trouver un endroit pour exprimer mes émotions en ce moment », lance la drag queen Lisa Frankenstein aux clients de l’Oasis, un bar LGBT+ de San Francisco.

« Alors, à trois, on crie tous ensemble. Un, deux, trois : Aaaaaaah ! » C’est ainsi qu’un cri collectif et viscéral a retenti dans la nuit le week-end dernier, un exutoire pour une communauté sous le choc après la réélection de Donald Trump.

« C’est une manière de répondre au sentiment d’être submergé et terrifié par ce que pourrait signifier cette nouvelle administration », explique D’Arcy Drollinger, figure emblématique de la scène drag californienne et propriétaire de l’Oasis. Inspirée par un club new-yorkais ayant organisé un cri « cathartique » similaire, l’idée est simple : « On libère nos peurs et notre colère. On se rassemble pour se rappeler que nous avons une voix, et qu’il faut l’utiliser. »

Pour Cindy Sigler, une spectatrice, l’expérience est libératrice : « C’était incroyable, vraiment thérapeutique. Ça fait bien plus de bien que de hurler dans un oreiller. »

La réélection du candidat républicain est vécue comme une attaque par de nombreux membres de la communauté LGBT+, notamment les personnes gays, transgenres ou non binaires. Le LGBT National Help Center, une ligne d’assistance, rapporte avoir reçu près de 2 000 appels quotidiens depuis l’annonce des résultats, contre 300 en temps normal.

« Les gens expriment de la colère, du désespoir et une peur intense », résume Aaron Almanza, directeur de la ligne. « Nous leur conseillons d’éviter les réseaux sociaux, qui ne font qu’amplifier leur anxiété. » Joey The Tiger, un voltigeur trans, ironise : « Super, la moitié du pays ou plus veut ma mort. »

Joey raconte que plusieurs de ses amis envisagent de quitter les États-Unis. Pour sa part, il relance Spectrum, un spectacle d’arts aériens destiné à collecter des fonds pour des associations soutenant les personnes trans.

Ce projet, initialement lancé après la première élection de Trump, semblait n’avoir plus de raison d’être.

« J’espérais ne jamais avoir à le refaire », confie Joey. Mais les attaques répétées contre la communauté l’ont poussé à maintenir ce combat.

Face à la haine, beaucoup d’artistes LGBT+ adoptent une réponse mêlant entraide et créativité, à l’image de D’Arcy Drollinger. « Je passe mon temps à encourager tout le monde à être fabuleux », déclare-t-elle. « Quand les temps sont durs, c’est justement le moment de briller encore plus fort. »